PASSÉ DIFFICILE, pourquoi en REPARLER ? ça sert à quoi ?

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PASSÉ DIFFICILE, pourquoi en REPARLER ? ça sert à quoi ?

Date de publication : 30/04/2023

Pourquoi se confronter au passé ? A quoi ça va servir ?
"Le passé, c'est le passé, je vais juste être encore plus mal." Plus on en parle, pire c'est ? "On ne change pas le passé donc j'ai pardonné et je n'ai plus envie d'y penser."
Et bien, si vous n'avez pas de difficulté actuelle, je suis d'accord mais êtes-vous sûr alors de votre identité ?
Vous trouvez cette question bizarre ? Votre identité s'est construite dès votre conception. Nous sommes bien souvent l'histoire qu'on se raconte sur nous.
Donc comment faire quand il en manque des bouts ou que ces bouts doivent rester invisibles. Vous sentez-vous entier ?
Dans certains cas, à force de se raconter notre histoire d'une façon "négative", la dépression peut finir par nous coller à la peau. OU bien à force d'avoir été dévalorisé et critiqué par l'extérieur, nous finissons par avoir une très mauvaise estime de soi.

OUI revoir le passé sous d'autres angles nous donne de nouvelles ouvertures pour savoir qui on est.


Ce n’est pas facile de se rendre pour la première fois chez un psychothérapeute (psychologue, psychanalyste, psychopraticien, psychiatre, ...) pour se dévoiler dans sa fragilité, dans ses souffrances, ses chagrins et ses peurs.
Mais ne vous privez pas d'y faire de belles découvertes.

En cas de difficultés, comprendre et savoir ne donne pas de façon évidente la solution, mais permet d'identifier sur quels points travailler.
Si ce travail n'est pas fait, les solutions trouvées restent généralement des pansements peu durables. C'est un peu comme repeindre la tache au plafond sans jamais aller trouver la fuite d'eau au dessus. Et comment la réparer si on ne sait pas où elle est.

Et si vous n'avez pas de problème, la seule façon de trouver un sens à votre vie commence par savoir qui vous êtes. Et seul le passé permet de le savoir.

Qu’est-ce que le passé peut nous apporter ?

Notre passé est le berceau de nos croyances, de nos connaissances, des souvenirs que nous chérissons tant et de ceux qui nous rappellent ce dont nous ne voulons plus.

Le passé est d'abord un concept lié au temps : il est constitué de l'ensemble des configurations successives du monde autour de nous avant l’instant présent actuel.
Nous avons découvert que l’environnement et nos événements de vie influencent tout autant notre réalité et nos façons de nous comporter que notre patrimoine génétique. Selon nos ascendants, nous héritons en effet d’une certaine vulnérabilité génétique à développer certains traits voire certaines maladies, mais ceci se manifeste ou pas, ou d’une certaine manière, seulement en fonction des événements réels de notre vie présente.

Quelle que soit l’histoire de notre passé, elle fait indéniablement partie de ce que nous sommes aujourd’hui. Ainsi, tenter de la rejeter ne peut qu’être source de souffrances : nous sommes aujourd’hui une version de ce qu’il nous est arrivé hier.

Notre ego – la part de nous qui s’identifie comme un “Je” indépendant – s’est construit à partir de notre éducation, de notre environnement, de nos croyances.

Ainsi, nos décisions d’aujourd’hui sont une conséquence de notre passé, que nous décidions de poursuivre dans la même direction que celle que nous connaissons déjà ou que nous préférions tourner le dos à ce dont notre passé était fait.
Dans tous les cas, nous réagissons à ce que notre ego a interprété comme étant sa réalité et nous avançons en fonction de cette interprétation.
Bien sûr, certaines histoires sont plus faciles à accepter que d’autres.
Pour certains, accepter son passé demande beaucoup de courage.
Pourtant, il s’agit là d’un passage essentiel pour enfin vivre le présent.
Et si vous aviez "hérité" d'une blessure familiale ou d'un traumatisme familial ? Vous êtes vous déjà posé la question.
Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez lire l'article sur les secrets de famille et les "non-dit".

Un passé qui nous pèse est comme une valise trop lourde qui nous empêche d’avancer : il est impossible d’ignorer son existence.

Si tel est votre cas, il est peut-être temps de vous asseoir pour regarder un à un les éléments qui composent votre valise.
Vous pourrez ainsi décider, en toute bienveillance et une bonne fois pour toutes, de ce qui ne vous sert plus aujourd’hui.

Le passé n’a existé qu’à l’instant même où il s’est déroulé et même vos souvenirs de ce passé ne sont qu’une création de votre esprit.
Eh bien oui, car ce dont vous avez fait l’expérience hier a été passé au filtre de votre ego et l’image qui vous en reste aujourd’hui évolue aussi à chaque instant.
Tenez, pensez par exemple à un souvenir d’enfance qui vous semble anodin aujourd’hui mais vous avait semblé terrible au moment où il s’est produit. L’émotion que vous avez ressentie à ce moment-là était probablement puissante. Puis un peu moins forte le lendemain, pour diminuer un peu plus chaque jour et même peut-être se transformer en anecdote rigolote.

Peut-on laisser le passé au passé ?

« Laissons au passé ce qui appartient au passé », plus facile à dire qu’à faire !
Si nous cherchons tous à « passer à autre chose », « enfouir » ou encore carrément « oublier », il n’est pas rare que le passé resurgisse de temps en temps dans notre quotidien, voire même un peu trop souvent pour certains !
En se remémorant le passé, il est possible de réactiver des parties endormies.

La réalité, c’est que notre passé s’invite souvent dans notre présent, ce qui fait que nous vivons une juxtaposition de deux temps normalement distincts. Ce que nous avons vécu vient parasiter ce que nous vivons. Nous vivons notre présent au passé.

Lorsque nous vivons notre présent au passé, nous n’en sommes la plupart du temps absolument pas conscients.
Prenons un exemple. Je vis une situation dans ma vie d’aujourd’hui, et soudain, quelqu’un me dit quelque chose qui fait écho en moi, sans que je puisse l’identifier à un évènement désagréable que j’ai vécu dans le passé. Une réflexion, un ton de voix, un jugement malheureux. Je l’entends au présent, mais c’est ma douleur passée, mal cicatrisée, qui m’anéantit. Les propos entendus au présent jette du sel sur la blessure passée. Et la souffrance s'accentue.
C’est la réactivation des blessures.

Il ne serait pas juste d’affirmer qu’une enfance difficile implique nécessairement d’en subir les conséquences à l’âge adulte. Tout comme une enfance bercée par le sentiment d’être aimé et de n’avoir manqué de rien, n’est pas gage d’une croissance personnelle sans blessures émotionnelles.
Nos perceptions ont un rôle dans le développement de ces-dites plaies.

En effet, ce ne serait pas tant les blessures émotionnelles en elles-même qui nous feraient souffrir que, finalement, l’absence d’outils à notre disposition pour les identifier et les comprendre.
Et là seul le travail thérapeutique accompagné par un thérapeute peut vous permettre de progresser de façon sûre.

Pourquoi il est indispensable de s’intéresser au passé ?

Une blessure physique se voit immédiatement, alors que les blessures psychiques peuvent saigner sans que personne ne les remarque. Lors d’une opération, nous avons une cicatrice et on nous conseille de la masser, pour la « faire blanchir ». A mesure que nous la massons, elle est de moins en moins sensible et les adhérences, les raideurs, disparaissent.
C’est le même travail qui nous est demandé pour nos blessures psychiques.

Comprendre ce qui nous est arrivé, identifier nos blessures, donner la parole aux différentes parties de nous qui nous appellent à l’aide, nous permet d'accepter ce que nous avons vécu, de renoncer à avoir eu un passé meilleur, et à vivre enfin notre présent au présent.

Mais pourquoi cette blessure passée n’est toujours pas refermée ? Pourquoi certaines blessures sont réactivées ?

Parce que vous n’avez pas pu en prendre soin sur le moment.
Lorsque nos blessures d’enfance ressurgissent, nous essayons coûte que coûte de ne pas les ressentir.
TOUT PLUTÔT que cette souffrance.
C’est un réflexe classique, que nous avons tous : fuir la douleur et tout ce qui est désagréable.
Nous minimisons ce que nous ressentons, affectons l’indifférence, nous mettons en colère.
Ce mode fonctionnement, qui consiste à tout faire pour éviter de souffrir, nous le connaissons tous. Nous construisons un système de défense qui nous permet de continuer à avancer, sans tenir compte des blessures qui nous font si mal. Parce que nous avons peur, parce que nous avons des « responsabilités », parce que nous devons continuer à avancer, à gagner notre vie, à nous occuper de nos proches, à tracer notre route.

Ce système de défense peut tenir pendant plusieurs années, parfois même pendant toute une vie, qui est de moins en moins une vie et de plus en plus une survie.
Comme dans le cas de beaucoup d’entre nous, ce système de défense se fissure un jour.

C’est la souffrance de trop, qui parvient à passer à travers nos armures et nos boucliers, et qui fracasse nos coeurs de verre.

Quel sont les éléments importants de notre passé ?

Nous avons déjà mentionné plus haut que le patrimoine génétique (collectif, familial et individuel) existe mais que ceux sont essentiellement les évènements de vie qui conditionnent ce qui va se révéler du patrimoine.
Je ne minimise pas l’importance de l’héritage (patrimoine génétique) ni du tempérament émotionnel d’une personne, mais ils sont des données de base individuelles davantage que des évènements constitutifs du passé.
Dans les éléments importants, il s’agit de prendre en compte l’environnement dans lequel nous avons grandi : les relations familiales et les relations sociales importantes en terme d’impact (école, copains, sport, voisins proches, amis proches de la famille…).

De cet environnement il y a la façon dont nos besoins fondamentaux ont été satisfaits, ce que nous avons internalisé des personnages importants qui ont traversé notre vie et des liens que nous avions avec eux, les expériences traumatiques vécues (abus, les accidents graves, la violence ou la perte d'un être cher) …

Précision importante : ce qui fait traumatisme dans le psychisme d’un individu n’est pas toujours l’événement lui-même (un accident, un deuil ou un parent gravement malade) mais le fait que l’accompagnement ne se mette pas en place autour de la personne victime, la laissant dans un vécu de solitude et d’impuissance. La psyché est construite pour résister, voire être résiliente face à beaucoup de stress et d’adversité. Mais cette résilience se met en place lorsque nous avons autour de nous quelqu’un qui nous écoute et nous soutient. Sans cela, la souffrance reste à l’état brut n’est pas transformée.

Nous verrons dans un prochain article que le traumatisme vient de ce qui est là mais quelque fois aussi de ce qui n’est pas là.
Tous ces éléments individuels interviennent bien sûr dans un contexte social (que je ne spécifierai pas mais qui a bien sûr son importance).

Est-ce qu'explorer tout son passé est nécessaire ?

Est-il ensuite indispensable de « gratter » le passé et de nettoyer tous les traumatismes pour guérir ?
La psychologisation de la société et l’effet "mode" du développement personnel peuvent faire croire que sans travail de fond acharné, point de salut. Je crois que cela est faux et qu’il faut lutter contre cette représentation radicale.
En cas de psychotraumatisme et de troubles graves dissociatifs, il peut être bon de « reconnaître le passé sans l’explorer » lorsque celui-ci est très traumatique et les symptômes massifs. Cela signifie qu’il faut être stratégique et doux dans le travail psychothérapeutique : ni expulser le passé traumatique, ni l’éviter.
Expulser le passé traumatique pourrait nécessiter d'aller trop dans les détails des événements vécus, de manière trop rapide et brutale, ce qui risquerait de faire décompenser la personne – c’est-à-dire qu’elle se sente encore plus mal ensuite (excès d’angoisse, de désespoir ou de rage).
Éviter le passé traumatique serait nier le poids du vécu et ne pas le mentionner en cause explicative du mal-être du présent, ce qui risquerait de renforcer la force du refoulement émotionnel et son retour en boomerang plus tard, plus fort, plus intense.

Pourquoi se « transformer » pour un mieux-être plutôt que soigner les symptômes ?

L’objectif ultime d’un « travail » sur soi n’est pas (uniquement !) de se débarrasser de ses problèmes ou de ses symptômes.
Cela arrive. Heureusement. Certains disparaissent ou s’apaisent, par exemple les idées noires ou les crises d’angoisse liées à un état dépressif grâce à une thérapie bien menée par la personne et le soignant.
Mais cela ne doit pas être l’objectif du travail. En tout cas pas l’objectif de fond ou l’objectif final.

L'objectif final d'une thérapie doit davantage être une transformation, une évolution profonde de la personne dans son fonctionnement habituel.


Prenons la métaphore de l’iceberg, souvent utilisée en psychologie. L’être humain est comme un iceberg avec une partie visible et une autre invisible car sous l’eau.
Il faut viser à transformer le bas de l’iceberg, la partie immergée, c’est-à-dire la psyché de la personne.
Le haut de l’iceberg sont les problèmes (humeur triste, phobies, comportement autodestructeur, etc.). Ils bénéficieront bien entendu de la transformation de la partie sous l’eau et s’apaiseront. Mais l’essentiel du travail de guérison réside dans l’évolution profonde du fonctionnement psychique de la personne, du bas de l’iceberg.
S’occuper uniquement des parties visibles est davantage de la thérapie de soutien, voire du coaching.
Ce type de travail sur les problèmes est néanmoins très important. Dans bien des cas c’est celui par lequel les personnes commencent, et c’est un excellent point de départ. Elles arrivent en thérapie avec une demande, par exemple ne plus avoir de crises d’angoisse ou parvenir à un objectif perçu comme difficile (par exemple rencontrer quelqu’un ou ne plus crier sur ses enfants). L’exploration avec le thérapeute de ce qu’elles vivent avec ces crises d’angoisse ou ces difficultés, alliée à la recherche de solutions parfois très concrètes, amène à plus de profondeur dans l’échange et donc dans le suivi.
Alors les voies vers la guérison véritable s’ouvrent : la descente vers l’intérieur, vers la partie immergée, vers les profondeurs psychiques de l’individu (où résident d’ailleurs les traumatismes originels).
Par exemple, avec une personne anxieuse, les progrès se verront dans l’apaisement des problèmes de surface (diminution des crises d’angoisse, des ruminations et de l’anxiété générale), mais l’essentiel est dans la modification des modèles internes qui sont sous-jacents, c’est-à-dire les représentations qu’a la personne d’elle-même, de sa vie et du monde, qui peuvent s’exprimer ainsi : « Je ne vaux pas grand-chose… Je vais de toute manière échouer… Le monde est plein de dangers et de mauvaises surprises. » C’est la petite voix qui parle à l’intérieur de nous. Nous en avons tous une, et même plusieurs selon les circonstances.


Auteur : Karine BIAVA (2023)
Psychothérapie et Art-thérapie à Peymeinade 06 530


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